Le lundi 3 mai 2021 ramène la Journée mondiale de la liberté de la presse, instaurée par l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 1993. Dans le cadre de cette Journée mondiale de la liberté de la presse 2021, la rédaction du Nouvelliste analyse la performance de la République d’Haïti en matière de la liberté de la presse au cours de la dernière décennie à la lumière du classement mondial de l’organisation Reporters sans frontières (RSF).
Le thème retenu cette année pour la Journée mondiale de la liberté de la presse « L’information comme bien public » tend à souligner l’impact de l’évolution du système de communications sur notre santé, les droits de l’homme, les démocraties et le développement durable. Ce thème vise également à servir de prétexte pour aborder les questions actuelles de la viabilité des médias, de la transparence des plateformes et de la maîtrise et la capacité des utilisateurs afin de ne laisser personne de côté.
Haïti demeure un très mauvais élève, à en juger par sa piètre performance ces dernières années dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF qui évalue la situation de la liberté de la presse dans 180 pays et territoires. En l’espace de deux ans, le pays a perdu 25 places dans ce classement, passant de la 62e place en 2019 à la 87e place dans l’édition 2021.
Cette dégringolade d’Haïti s’explique à cause d’un environnement de travail dangereux et précaire selon Reporters sans frontières qui, après avoir classé le pays à la 87e place sur 180 pays, a tout de même reconnu qu’aucun journaliste et même un collaborateur dans les médias n’ait été tué en 2021.
Toutefois, RSF fait état des « intimidations et des attaques violentes » perpétrées par les « forces de l’ordre et par les manifestants » contre « les journalistes qui se sont multipliées ces dernières années, rendant la profession toujours plus vulnérable et stigmatisée ».
Il faut remonter en 2014 pour trouver la trace du meilleur classement d’Haïti en matière de liberté de la presse. Haïti a occupé à cette époque, la 47e place sur 180 pays dans ce classement mondial, entre les États-Unis (46e) et le Niger (48e). Une performance qui relève de l’exploit tant Haïti est souvent mal classée dans les différents rapports internationaux. En 2013, notre pays occupait la 49e position sur 179 pays.
Depuis lors, Haïti n’a pas su maintenir le rythme et a été reléguée par RSF dans la zone orange de l’index sur la liberté de la presse, caractérisée par une situation problématique. Un étalon de mesure pouvant rendre compte de la descente brutale d’Haïti est son classement par rapport à celui de la République dominicaine.
Ayant l’habitude de toujours devancer largement la République dominicaine, présentée par RSF comme un pays où il ne fait pas bon de traiter de la corruption et du narcotrafic, Haïti ne pointe qu’à 37 places de moins dans l’édition 2021 que la république voisine qui, elle, se trouve à la 50e place.
En 2010, d’après la neuvième édition du Classement mondial de la liberté de la presse, Haïti est arrivée à la 56e place sur 178 pays alors que la République dominicaine à cette époque-là, occupait la 97e position dans ce même classement mondial publié par Reporters Sans frontières.
Alors qu’en l’espace d’une année (2019-2020) Haïti est passée de la 62e à la 83e place dans le classement mondial de la liberté de la presse, la République dominicaine est restée à la 55e place dans ce même classement.
La méthodologie du classement – publié chaque année depuis 2002 à l’initiative de RSF – s’appuie sur les performances de 180 pays et territoires en matière de pluralisme, d’indépendance des médias, d’environnement et d’autocensure, de cadre légal, de transparence et de qualité des infrastructures soutenant la production de l’information.
L’organisation note que les mauvaises performances d’Haïti d’année en année se poursuivent malgré la récente évolution des lois relatives à la liberté de la presse. Selon RSF, les « journalistes haïtiens sont toujours victimes d’un cruel manque de ressources financières », de « l’absence de soutien de la part des institutions » et d’un « accès difficile à l’information ». Les médias privés, très liés aux intérêts de leurs actionnaires, peinent à « exprimer leurs points de vue sans autocensure ».
Ainsi cette Journée mondiale de la liberté de la presse 2021 se propose de mettre en évidence les trois impératifs suivants : des mesures pour assurer la viabilité économique des médias d’information ; des mécanismes pour assurer la transparence des sociétés Internet et le renforcement des capacités en matière d’éducation aux médias et à l’information, permettant au public de reconnaître et de valoriser, ainsi que de défendre et d’exiger, le journalisme en tant qu’élément essentiel de l’information comme bien public.
Source: https://lenouvelliste.com/article/228808/liberte-de-la-presse-haiti-47e-en-2014-87e-en-2021